Quantcast
Channel: PELERINAGE
Viewing all 372 articles
Browse latest View live

Un musée d'histoire chrétienne à Lyon

$
0
0
Dans une salle adjacente au « cachot de saint Pothin »,
les mosaïques du XIXe siècle ont été préservées et mises en valeur.
En gestation depuis plus de dix ans, l’Espace culturel du christianisme à Lyon a ouvert ses portes mercredi 3 décembre 2014.

Les collectivités locales ont largement contribué au financement de ce mémorial dédié aux premiers martyrs lyonnais.

Complété d’un parcours présentant à grands traits l’histoire du christianisme, il est destiné à un très large public.

C’est une étroite niche creusée à même la roche. Un renfoncement fermé par une méchante grille. Selon la tradition, c’est là, sous la colline de Fourvière, que saint Pothin fut emprisonné, accompagné de ses coreligionnaires, à la suite d’une émeute urbaine contre les chrétiens, en l’an 177. La plupart furent décapités ou jetés aux lions. Les plus faibles, dont le premier évêque de Lyon, très âgé, moururent des suites des tortures infligées.

Depuis la découverte au XVIIe  siècle de cette cavité enfouie sous le couvent des Visitandines, l’on vient en pèlerinage visiter le « cachot de saint Pothin ». « Bon an mal an, trois mille personnes en faisaient la demande », rapporte le P. Emmanuel Payen. Le fondateur de RCF était recteur de la basilique de Fourvière lorsqu’il a appris la fermeture de l’hôpital de l’Antiquaille, aménagé dans l’ancien couvent. « S’est alors posée la question de la sauvegarde de ce patrimoine », poursuit-il. Notamment des belles mosaïques ornant depuis le XIXe  siècle les murs d’une salle adjacente au cachot.

UNE MISE EN ÉVIDENCE DES MOMENTS CRUCIAUX DE L’HISTOIRE DU CHRISTIANNISME
Lorsque l’Espace culturel du christianisme à Lyon (Eccly) est créé, les Hospices civils de Lyon introduisent, en 2008, une clause dans le contrat de vente confiant la gestion patrimoniale des lieux à cette association parrainée par le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon. Très vite, l’Eccly sollicite les collectivités locales, avec un ambitieux projet : la création d’un centre d’interprétation sur les premiers temps du christianisme à Lyon.

Avant d’arriver à l’oratoire aménagé dans le cachot, il faut arpenter une salle voûtée, où des cubes disposés dans la pénombre donnent des clés de compréhension de la foi chrétienne. Les visiteurs empruntent ensuite un corridor ; sur les murs, la Lettre des chrétiens de Vienne et de Lyon a été retranscrite, telle qu’elle fut rapportée, un siècle et demi après les événements, par Eusèbe de Césarée et qui authentifie la localisation à Fourvière du lieu de réclusion des martyrs.

Passé le cachot de saint Pothin et la crypte des mosaïques, le projet prend une tout autre dimension. « Nous avons voulu mettre en évidence les moments cruciaux permettant de comprendre l’histoire du christianisme », explique Émile Visseaux, responsable de l’équipe scientifique, insistant sur l’approche historique et non confessionnelle de la muséographie. Soutenue par une belle iconographie, elle aborde succinctement la diffusion du christianisme, le rôle du monachisme, la civilisation médiévale et la Réforme. « La place nous manquait pour aller plus loin, mais nous prolongerons ce parcours par des conférences et des expositions temporaires », précise le directeur du musée, l’historien lyonnais Pierre Tricou.

UNE AMBITION ÉLEVÉE MALGRÉ DES LIEUX EXIGUS
L’Antiquaille-Eccly – le nom du musée – consacre également une salle au monde orthodoxe, en collaboration avec l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge. Et un espace scénographié sur la Réforme a été conçu avec l’Église protestante unie

Malgré l’exiguïté des lieux (900 m2 ), l’ambition est élevée. L’Antiquaille-Eccly a repris le flambeau d’une réflexion menée par la Fondation Fourvière sur la création d’un parcours du christianisme, au moment où le philosophe Régis Debray rédigeait son rapport sur l’enseignement du fait religieux à l’école. L’Eccly se veut d’ailleurs conforme aux directives du ministère de l’éducation nationale.

L’ambition n’a pas échappé aux collectivités, qui ont contribué pour environ la moitié du budget d’investissement (2,5 millions d’euros). « Les subventions n’ont fait l’objet d’aucun vote négatif au conseil général du Rhône, au conseil régional Rhône-Alpes, ni conseil municipal de Lyon », souligne l’association. Certes, « il s’agissait d’abord de restaurer un patrimoine appartenant à tous les Lyonnais », rappelle le conseiller général Jean-Jacques Pignard (UDI), pour qui « le christianisme est consubstantiel à l’histoire de la ville ».

UN PARCOURS COHÉRENT SUR LA TRÈS TOURISTIQUE COLLINE DE FOURVIÈRE
La mise en valeur du cachot de saint Pothin complète d’ailleurs un parcours cohérent sur la très touristique colline de Fourvière. « Entre le musée gallo-romain, le théâtre antique, la maison de Pauline Jaricot et la basilique, fréquentée par près de 2,5 millions de personnes chaque année, nous disposons d’un ensemble patrimonial à Fourvière témoignant de l’histoire du christianisme à Lyon », souligne Georges Képénékian, adjoint au maire de Lyon en charge des affaires culturelles. L’Eccly est d’ailleurs en discussions avec l’office de tourisme pour la mise en avant de ce nouvel espace muséal.

Mais, au-delà, souligne Georges Képénékian, l’Antiquaille-Eccly est « un lieu fondamental de transmission de cette histoire, à un moment où il est plus nécessaire que jamais d’expliquer le fait religieux ». Au même titre, il suit de près le projet d’Institut français de civilisation musulmane, porté par la grande mosquée de Lyon. « Une enquête du rectorat de Lyon, relève Monique Guinamard, membre du conseil scientifique de l’Eccly, a mis en avant qu’en classe de sixième, 76 % des élèves n’avaient pas traité la naissance du christianisme, placée en fin de programme. »

––––––––––––––

UN MODÈLE ÉCONOMIQUE AUDACIEUX
L’Eccly table a minima sur 10 000 visiteurs par an. Et l’association donne rendez-vous en fin d’année prochaine pour faire un point sur l’équilibre budgétaire du projet. Prudemment, elle n’emploie pour l’heure qu’une seule salariée. Pour le reste, tout le personnel du musée sera bénévole, y compris son directeur. Une quarantaine de personnes se forment ainsi pour accueillir les visiteurs du mercredi au dimanche, entre 10 heures et 17 heures.

Bénévent TOSSERI, à Lyon
La Croix

Samedi de Lazare et Dimanche des Rameaux

$
0
0
Bonne fête à tous !

Psautier d'Ingeburge, XIIIe siècle, Musée Condé, Chantilly.

Avant ta Passion Tu T'es fait le garant de notre commune résurrection, en ressuscitant Lazare d'entre les morts, ô Christ Dieu. 
C'est pourquoi nous aussi comme les enfants portant les symboles de la victoire, nous Te chantons, à Toi le vainqueur de la mort : 
Hosanna au plus haut des cieux, béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur.
(Tropaire de la fête)

Article 0

$
0
0

Couverture d'Evangéliaire, Email de Limoges (XIIIe s.)
Conservé dans les Réserves du Musée d'Etat de Novgorod. Provenant de l'église de la Nativité de la Vierge du Monastère St-Antoine à Novgorod.
(pour voir l'image en détail consulter ce lien)

Un magnifique exemple de lien (artistique - et d'art chrétien) entre la France et la Russie au XIIIe siècle.

Message Pascal

$
0
0

Image d'Archive : Le message pascal du Métropolite Meletios, Exarque de sa Sainteté le Patriarche Dimitri de Constantinople à la communauté orthodoxe en France en 1973.
Source : Ina.fr

CHRIST EST RESSUSCITE !!!

$
0
0

Tropaire pascal, extrait du CD : EUCHARISTIA Chants de la liturgie orthodoxe en Français, par l'Ensemble Harmonie Géorgienne, dirigé par Nana Peradze, Editions Jade, 2013.

La réception de l'oeuvre de Charles Péguy dans l'Orthodoxie

$
0
0
Nous vous proposons de voir ou revoir sur notre chaîne youtube, l'émission ORTHODOXIE (Fr 2) consacré au colloque (Institut St-Serge) sur la réception de l'oeuvre de Charles Péguy (écrivain et poète français) dans l'Orthodoxie en France.


Liturgie devant les reliques de ste Hélène

$
0
0

SAMEDI 25 AVRIL 2015 à 9h30 sera célébrée la Divine Liturgie devant les reliques de sainte Hélène dans l'église saint Leu - saint Gilles à Paris (92 rue st Denis, métro Etienne Marcel).

Renseignements complémentaires : Alla Gouraud, 06 32 49 46 10.

*******

L’ACATHISTE AUX STS CONSTANTIN ET HELENE y est également récité tous les vendredis à 16h
à partir du 12 septembre 2014 jusqu’au 26 juin 2015.


Pour consulter le CALENDRIER des offices orthodoxes devant les reliques de sainte Hélène (Année ecclésiale 2013/2014), cliquez ICI.

N.B : Les Offices sont en Slavon et en Français.

« Nous, Romains… » Réflexions sur les origines orthodoxes de la France

$
0
0

« Nous, Romains… » Réflexions sur les origines orthodoxes de la France, Archimandrite Placide Deseille, Ed. Monastère St-Antoine-le-Grand - Monastère de Solan, 20 pages.

La première erreur serait de considérer l’Empire byzantin comme un empire d’Orient, qui aurait toujours été plus ou moins étranger à nos régions occidentales. En réalité, et très particulièrement pendant la période qui nous intéresse ici, il n’y a pas eu d’ « Empire byzantin » : il n’existait que l’Empire romain, qui n’était ni oriental, ni occidental, mais aspirait, selon le mot du gallo-romain Rutilius Namatianus, à « faire de l’univers divisé une seule cité ». La christianisation de l’Empire, après la conversion de Constantin (312), n’avait fait que renforcer ce caractère universaliste, en faisant de cet Empire comme l’incarnation terrestre du Peuple de Dieu répandu dans tout l’univers.

Les différentes parties du fascicule sont :
La Gaule romaine et chrétienne, La Gaule mérovingienne, Les Carolingiens et la rupture de l’unité spirituelle de l’Europe, « Roma æterna ».

Fascicule disponible dans les librairies monastiques des metochions de Simonos-Petra en France (Monastères de Saint-Antoine-le-Grand (Vercors), de la Transfiguration (Terrasson - Dordogne), et de Solan).

Prière devant les reliques de sainte Marie-Madeleine

$
0
0

Le dimanche 3 mai 2015 à 15 heure, avec la bénédiction de l'évêque Nestor de Chersonèse (Patriarcat de Moscou) et avec la permission de l'autorité ecclésiastique locale (catholique-romaine) dans l'église de la Madeleine à Paris se tiendra une prière pascale devant les reliques de la sainte égale-aux-Apôtres Marie-Madeleine, la plus célèbre des porteuses de myrrhe (myrrhophore), la messagère de la Résurrection du Christ.

Il y a plusieurs années qu'à commencé la coutume orthodoxe de vénérer les reliques de la sainte égale-aux-Apôtres Marie-Madeleine, le deuxième dimanche après Pâques, le dimanche des myrrhophores, où l'Eglise orthodoxe célèbre leurs œuvres et leurs actes.

Adresse: Métro La Madeleine,
Place de la Madeleine,
75008 Paris

Tout le monde est le bienvenu !


Saint Orens - Poême

$
0
0
Saint Orens d’Auch, Poème, Monastère orthodoxe st Michel, 1992, 104 pages.

A l'occasion de la fête de saint Orens nous souhaitions rappeler cette publication.
Ce texte d’Orens (Orientius) évêque d’Auch au Ve siècle, fut traduit du latin et annoté par Yves-Germain Bouissou d’Arnaudet, également traducteur de la Divine liturgie de St Jean Chrysostome (Divenca liturgia de St Joan Crisostom) en langue d’Oc au édition du Monastère de l'Archange Michel de Lavardac.

Orens, fils d’une noble famille hispano-romaine, quittera sa famille et son pays pour se retirer de l’autre côté des Pyrénées dans une vallée où il vivra dans l’ascèse. La réputation de sa sainteté fera que le peuple d’Auch en quête d’un nouvel évêque enverra une délégation pour le quérir. Il acceptera cette tâche après que la volonté du Seigneur ce soit manifesté par un miracle. Devenu évêque d’Auch en 410, il luttera pendant son épiscopat contre le paganisme encore présent dans la société gallo-romaine et sera témoin du déclin de l’Empire romain en Gaule face à l’installation des Wisigoth (ariens) dans la région. Ce qu’il évoque d’ailleurs dans son ouvrage (p.76).

Cet ouvrage est plus une exhortation qu’un poème (nommé ainsi par Orens p.95). Il se compose de deux livres. Le premier exhortant à reconnaître que tout vient de Dieu et à vivre selon ses préceptes. Le second est consacré à la mort et au Jugement à venir.

A l’intérieur l’on trouvera en outre quelques illustrations dont l’icône du saint qui fait également la couverture du livre, son tropaire et kondakion, un tropaire au saint orthodoxe Gascogne avec une liste de ceux-ci (notons la présence d’un légère erreur : « ste Ode et st Mondin martyrs » au lieu de ste Dode et st Montin martyrs.).

Cet ouvrage est disponible au prix modique de 1 Euro dans le destockage effectué par le Monastère orthodoxe st Geny de Lectoure.

Rappelons la Divine liturgie de St Jean Chrysostome traduit en Occitan par le même traducteur également disponible dans ce destockage (2 Euros).

Saint Gény de Lectoure

$
0
0

Saint Geny de Lectoure et ses compagnons soldats martyrs, Monastère orthodoxe St Clair et Maurin, Lectoure, 60 pages.

En ce jour de sa fête rappelons cette ouvrage consacré au saint ermite Geny de Lectoure qui se compose d'une brève vie de saint Gény, de l'office (Ménée) de saint Génie de Lectoure, écrit par le père Denis Guillaume en 2001 et de nombreuses photographies de la vie liturgique au monastère orthodoxe saint Clair et Maurin de Lectoure depuis sa restauration en l'an 2000, dont la basilique abrite le tombeau et les reliques de saint Geny.

Cet ouvrage est disponible au prix modique de 1 Euro dans le destockage effectué par le Monastère orthodoxe st Geny de Lectoure.

Orthodoxie : Commémoration du Père Serge (Chevitch)

$
0
0

Nous vous proposons de voir ou revoir sur notre chaîne youtube cette émission Orthodoxie (Fr2) consacrée à la "Commémoration du 20e anniversaire de la mort du père Serge (Chevitch)" en 2007.

Pèlerinage à Saint-Nicolas-de-Port

$
0
0

Vendredi 22 mai 2015, commémoration de la translation des reliques de saint Nicolas de Myre à Bari (selon l'ancien calendrier), avec la bénédiction de l'évêque Nestor de Chersonèse (Patriarcat de Moscou), aura lieu un office solennel avec les reliques de Saint-Nicolas dans la Basilique de Saint-Nicolas à Saint-Nicolas-de-Port.

Saint-Nicolas-de-Port en Lorraine est devenu un centre important pour la vénération de saint Nicolas pour les chrétiens de France et d'Allemagne, et surtout d'Alsace et de Lorraine, dont il est le saint protecteur, après le transfert de reliques du saint venant de Bari en 1098.


Programme
01h30 (du matin) : Départ de l'église des Trois Saints Docteurs (rue Pétel à Paris)

08h00 Acathiste devant les reliques de Saint Nicolas. Confession.

09h30 Liturgie de saint Jean Chrysostome.

12h30 Agapes fraternel (apporter de la nourriture avec vous).

20h00 Retour à Paris


Frais: 70€ (paiement à l'avance)


Adresse de la Basilique: 18 rue Anatole France, Saint-Nicolas-de-Port 54000 (12 km de Nancy)

Source

Célébration à Saint-Nicolas-de-Port en 2015
La Liturgie de saint-Jean Chrysostome sera célébrée chaque troisième samedi du mois à la basilique saint-Nicolas.*

Les reliques de ste Hélène à Paris

$
0
0
A l'occasion de la fête des saints empereurs, égaux-aux-Apôtres, Constantin et sa mère Hélène, nous reprenons une homélie prononcé par le père Nicolas Nikichine (alors diacre), directeur du Centre de pèlerinage du diocèse de Chersonèse, sur sainte Hélène et la présence de ces reliques à Paris.



Les reliques de ste Hélène en I'église St.Leu-St.Gilles

Mes frères et sœurs,

Ste Hélène est plus que connue dans l'histoire de l'Eglise. Saint Grégoire le Grand la représentait comme l'instrument dont Dieu se servit, pour faire briller dans le cœur des Romains les lumières de la foi.

Elle était la mère du 1er empereur chrétien, st. Constantin qui fut " le premier qui a soumis sa pourpre au Christ librement, le reconnaissant comme Dieu et Roi de tous "(Vêpres, stichère du Lucernaire). Saint Ambroise estime " Constantin bienheureux d'avoir été formé par telle mère " ; saint Paulin de Nole affirme que " Constantin doit autant à la foi de sa mère, qu'à la sienne propre, d'avoir été le prince des princes chrétiens ".

Son autre titre de gloire fut la découverte de la Vraie Croix. La " Vraie ", parce que sur cette croix précisément notre Sauveur fut crucifié. L'Eglise a consacré par l'institution de deux fêtes le souvenir de cet acte de la vie de ste Hélène :
  • le 6 mars selon le calendrier grégorien ou le 19 mars selon le calendrier julien – Anniversaire de l'Invention de la Vraie Croix et d'autres reliques de la Passion de Notre Sauveur ;
  • le 14 septembre / le 27 septembre– Fête de l'Exaltation de la Vraie Croix.


C'est ste Hélène qui se distingua également par la restauration des Lieux Saints en Israël. Jusqu'à Hélène, cette terre était presque déserte et profanée par les Romains qui ont soit détruit soit caché sous des amas de décombres tous les vestiges de l'histoire évangélique. Ste Hélène, animée par une foi ardente, arriva en Palestine. Elle fit une véritable campagne de recherches pour identifier et authentifier les lieux liés avec la vie terrestre du Sauveur : de son lieu de naissance à Bethléem au lieu de sa crucifixion au Golgotha. Par ces découvertes, elle donna un argument puissant de la vérité historique des récits de Évangile. Grâce à ste Hélène, la Terre Sainte a été intégrée dans la vie spirituelle de l'Eglise. Elle a frayé la route des Saints Lieux, les générations de chrétiens ne cesseront d'y marcher sur ses traces pour puiser aux sources de notre foi.

Bref, ste Hélène est une des figures féminines les plus grandioses que l'antiquité chrétienne nous ait léguées. Ainsi, les Pères du 4-ème Concile œcuménique voulaient faire un éloge à l'impératrice Pulchérie, ils la proclamèrent " une seconde Hélène, digne émule de la première, par son zèle à défendre et à propager la foi orthodoxe ".

Ste Hélène est tellement grande que si l'on pose la question, en Russie ou en Grèce : où devrait être son corps, si Dieu l'a conservé pour nous ? La réponse naturelle serait d'associer ce lieu présumé avec l'un des centres de l'histoire chrétienne comme Jérusalem, Rome ou Constantinople. En aucune façon Paris ne serait parmi les candidats pour un lieu qui abriterait le corps de ste Hélène.

Et nous, nous sommes ici devant elle pour implorer son aide.

Est-ce que c'est vrai ou faux?

On éprouve d'abord un cruel embarras. Ste Hélène ? Au centre de Paris ? Dans cette ville qu'on associe davantage aux loisirs qu'aux événements de l'histoire de l'Eglise ancienne.
De plus, si l'on regarde du côté des scientifiques, des historiens, on ne trouve que le silence ! Comment est-il possible qu'ils aient oublié dans cette ville qui n'est pas du tout gâtée par les monuments antiques, la mère d'un des plus grands empereurs romains ?

La réponse aux premiers doutes est simple ! Notre science actuelle aime-t-elle le Christ, n'a-t-elle pas rejeté la foi en Lui, d'abord préférant la voix de la raison, ensuite celle de ses passions ? La science d'aujourd'hui occulte tout ce qui touche la vraie lumière. C'est pourquoi il faut être très prudent avant d'accepter les conclusions des historiens concernant le domaine spirituel, là où la nature de l'Eglise se manifestent avec ses propres lois.

Et les Parisiens ?

Où sont les héritiers de la vénération que st Ambroise de Milan, st Fortunat de Poitiers, st Grégoire de Tours manifestaient envers ste Hélène ?

Nous, les étrangers, nous ne nous rendons pas compte, au vu de la prospérité matérielle de l'Occident vis à vis des malheurs de nos propres pays d'origine, de la tragédie spirituelle qu'éprouve encore la France, et Paris en particulier. Paris a connu quatre révolutions dévastatrices pour l'Eglise : en 1789,1830,1848 et 1871. Encore en 1871, les Communards ont tiré du canon à l'entrée de l'église St.Leu-St.Gilles. L'église fut pillée, transformée en club. C'est par un miracle que les reliques de ste Hélène furent sauvées.

Et après ? Les lois anti-chrétiennes de la séparation de l'église et de l'état, la confiscation des biens de l'Eglise et des monastères, l'expulsion des ordres monastiques de France.

Et actuellement c'est la période du rationalisme triomphant qui nie les saints, ridiculise par tous les moyens les mystères de la foi, sans avoir trouvé d'opposition spirituelle adéquate. La société française du 20-ème siècle n'est pas encore passé par une perestroïka comme en Russie, où l'on voit ressurgir des cendres des églises, des monastères, des nouveaux séminaires.

En bref, l'absence de vénération actuelle de ste Hélène est une conséquence des problèmes sociaux et moraux d'aujourd'hui, mais en aucune façon n'est liée avec le problème d'authenticité de ses reliques.

Jamais de doutes

Si l'on s'adresse à la voix de l'Eglise, la réponse est plus que simple. Il n'y eut jamais de doutes ni d'objection jusqu'au 20-ème siècle. Tout le monde en Occident acceptait ce fait. D'abord à Rome :
on croyait que ste Hélène y a été enterrée en 328 par son fils Constantin dans un mausolée dont les vestiges existent à nos jours, d'où elle a été ramenée au 9-ème siècle par le moine Teutgis au monastère d'Hautvillers dans le diocèse de Reims.
A Hautvillers :
on a d'abord douté qu'un moine si simple, si chétif, puisse s'emparer d'un pareil trésor, du corps d'une véritable impératrice (imaginez en nos jours l'éventualité du vol du corps d'un président de France). 
Les moines ont effectué plusieurs expertises, ils ont notamment fait une analyse historique pour s'assurer que ste Hélène fut bien à Rome. Ensuite on a envoyé une commission compétente à Rome pour constater la disparition des reliques. Enfin, on a fait subir à Teutgis une épreuve, qu'on utilisait dans les circonstances exceptionnelles pour tester si le témoin dit la vérité. En présence de l'évêque de Reims, le célèbre Hincmar, du roi Charles le Chauve et de sa cour, Teutgis est passé par l'eau bouillante, croyant fermement que ste Hélène le délivrerait : il resta sain et sauf. 
Depuis, la foi en l'authenticité du corps de ste Hélène resta à Hautvillers inébranlable jusqu'à la Révolution. De plus beaucoup de miracles grâce aux prières à ste Hélène, ne pouvaient qu'affermir davantage cette foi.
A Paris :
on accepta l'authenticité des reliques car depuis leur arrivée à Hautvillers, elles avaient été examinées plusieurs fois à l'occasion des changements de châsse et des divers malheurs dûs aux guerres de religion du 16-ème siècle. Les conclusions des commissions qui ont procédé à l'ouverture de la châsse et à la translation des reliques de ste Hélène se corroborent. Elles témoignent que ce sont les mêmes reliques qui furent reçues au 9-ème siècle et qui ont été transmises en 1820 par le moine Grossard à la Confrérie des Chevaliers du Saint-Sépulcre qui avaient leur siège à l'église St.Leu-St.Gilles.
En 1875, après les désastres de la Commune de Paris, on a ouvert la châsse une dernière fois. On établit un certificat médical décrivant du point de vue anatomique les reliques de ste Hélène. Se basant sur ce certificat, Mgr Richard, archevêque de Paris, constata que " la châsse renferme le tronc presque entier du corps de ste Hélène ; dépourvu de tête et des membres fortement comprimé et aplati dans le sens bilatéral et que l'état du corps conservé dans la châsse de l'église St.Leu-St.Gilles correspond aux descriptions connues enregistrées par les Bollandistes au 18-ème siècle ". La châsse fut alors placée plus en vue, au-dessus et en arrière du maître-autel, au pied du grand crucifix, suspendu entre les deux piliers de l'abside. Depuis personne n'a ouvert le reliquaire.

La Croix est une folie...

Au 20-ème siècle, les historiens ont qualifié la translation de ste Hélène de Rome à Hautvillers par le terme de " vol ". Ils ont insisté sur ce terme, sous-entendu que tout devient suspect : les circonstances décrites, l'objet-même du vol.

Est-ce vraiment ste Hélène qui est arrivée en France ? Teutgis ne fut-il pas victime ou même personne consentant à la duperie ?

Or c'est ici que nous touchons le domaine propre de la foi. Les reliques sont-elles seulement des " objets " de ce monde, sous-entendu passifs, et dans ce cas elles ne sont que les témoins du passé ou bien sont-elles des " sujets " et, alors, elles sont et peuvent être actives.

Pour nous les chrétiens, la vénération des reliques repose sur la foi que les saints sont plus facilement accessibles par leurs restes terrestres que Dieu a voulu nous confier. Et ce saint continue à participer dans la vie de l'Eglise entière, dans notre vie personnelle par l'intermédiaire de ses reliques, à sa façon, selon la volonté de Dieu.

Plusieurs circonstances enregistrées dans le récit de la translation de ste Hélène de Rome à Hautvillers : événements extraordinaires, guérisons, – témoignaient à ceux qui les ont accompagnées lors du trajet, du consentement réelle de ste Hélène à poursuivre le chemin. C'est pourquoi, nous ne devons pas être étonnés, sachant que le pape Léon IX, après avoir reçu la commission des moines de Hautvillers venus vérifier le récit de Teutgis, n'avait pas réclamé les reliques. Après s'être renseigné sur l'histoire de la translation, il a compris que telle était la volonté de ste Hélène, elle-même, de reposer dans un autre endroit que Rome.

L'Eglise orthodoxe a déjà tranché dans un cas similaire, notamment en ce qui concerne la translation des reliques de st Nicolas de Myre en Asie Mineure à Bari en Italie, en 1087. On chante dans l'office du 22 mai commémorant l'événement, qu'il ne fut pas digne que ces reliques restent sans la vénération qui leur est due dans un lieu désert. C'est pourquoi elles ont été transférées de l'Asie Mineure, dévastée par les Turcs en Italie, pour servir aux fidèles dans un pays qui était à cette époque en voie de développement.

Rappelons que le 9-ème siècle, l'époque de la translation des reliques de ste Hélène, était l'époque de l'épanouissement culturel et politique, dit de la Renaissance carolingienne, période où se sont constitués en germe les états du monde moderne issus des royaumes barbares.

La conclusion s'impose : c'est vraiment le corps de ste Hélène qui est devant nous.

Dans ce cas des questions se lèvent :
  1. Pourquoi est-ce à Paris que repose ste Hélène, pourquoi cette rue fut-elle choisie dans cette ville ;
  2. Pourquoi cet abandon actuel ?

Peut-on comprendre ce signe que Dieu nous envoie ? Nous ne pouvons que sonder les desseins de Dieu.

Pourquoi Paris ?

Même si ce n'est pas une ville dite sainte, Paris est l'un des centres de la civilisation, de la culture incontournables des temps modernes. Comment voulez-vous que Dieu, qui veut que tout le monde soit sauvé et que chacun arrive à la connaissance de la vérité, sauve son peuple et son héritage. Il nous offre des signes de salut : les reliques des héros de notre foi, pour qu'elles soient à notre portée et là où l'histoire moderne se creuse réellement.

Pourquoi cette rue ?

On ne peut voir ici que le vice. Mais soyons prudents : les derniers peuvent devenir les premiers, et on se souvient de la mise en garde : les prostituées vous précédent dans le Royaume des cieux.

D'autre part, cette rue porte le nom de st Denis. C'est elle qui menait de l'Ile de la Cité, siège du pouvoir terrestre, à la Basilique de st Denis, lieu d'enterrement du 1er évêque de Paris, du patron spécial de la monarchie, de l'état français. C'est par cette rue que passaient les cortèges funèbres accompagnant les rois sur leur dernier chemin vers le lieu du repos à la Basilique, et c'est par elle que le cortège emmenait le roi de Reims après le couronnement. Ce n'est pas une rue, c'est la rue qui relie Paris à ses origines chrétiennes, la France terrestre avec son protecteur céleste.

Est-ce un hasard que celle qui a ranimé la foi de l'église déchirée par les querelles ariennes, se trouve ici sur cette rue qui mène vers celui qui a engendré la foi à Paris ?

Pourquoi cet abandon, cet oubli ?

C'est un signe, que l'évolution éthique et politique est défaillante et qu'il faut changer quelque chose.

Nous ne pouvons agir que pour nous-mêmes. Croyons, comme st Séraphin de Sarov : sauve-toi toi-même et mille autres seront sauvés.

Quel est le vrai sens de ce signe, de cette invention ?

Les Pères ont dit que Dieu souvent nous révèle les saints : leurs reliques, leurs tombeaux oubliés, la veille d'événements pénibles, de grands bouleversements pour nous affermir. Et tout incite à penser ainsi, en regardant le monde autour de nous. C'est comme si l'on déterrait les anciennes armes de guerre. Parfois Dieu révèle ces trésors pour manifester Sa gloire, Sa puissance. C'est pourquoi on pourrait trembler face à cette nouvelle invention des reliques de ste Hélène, mais nous devons croire que tout est pour notre bien, pour le mieux.

Qui oserait pénétrer les desseins de Dieu ?

Il y a un parallélisme frappant entre l'époque où vivait ste Hélène et la nôtre : l'indifférence spirituelle, la décadence morale, la foi chrétienne ridiculisée. C'est Hélène qui fut choisie comme l'un des instruments pour ranimer la foi chrétienne fléchissante. C'est elle qui a cru à la grâce des Lieux Saints et, par un effort extraordinaire, vu son âge avancé, elle a ouvert la voie vers la grâce aux innombrables foules de pèlerins. Les parcelles de la Vraie Croix retrouvée ont été distribuées à toutes les églises comme témoins de la vérité de l'Incarnation et les miracles qui ont été produits manifestaient la realité de l'Amour divin envers nous.

Aujourd'hui, quand notre foi est devenue plutôt tiède, quand notre salut est menacé, c'est pour rallumer la flamme de notre foi, qu'elle est là. Elle-même, à la fin de sa vie terrestre, a trouvé les lieux saints en Palestine. Actuellement c'est une terre déchirée par les conflits nationaux et religieux.

Maintenant, dans sa vie céleste, elle nous indique un autre lieu saint presque ignoré : Paris. Ne donnons que quelques exemples :

  • c'est ici dans la Sainte Chapelle que fut gardée la Couronne d'épines actuellement conservée à Notre-Dame de Paris ;
  • c'est à Argenteuil, à 15 mn de Paris, que l'on garde la Tunique du Christ, celle qui fut tirée au sort par les soldats au pied de la Croix (Qui va prier devant cette Robe " sans couture ", symbole par excellence de l'unité de l'Eglise ?) ;
  • c'est dans la Basilique St-Denis, aujourd'hui vide, que repose encore maintenant le corps de st Denis, de celui qui a fondé l'Eglise de Paris. D'après la Tradition unanimement confessée jusqu'aux Temps Nouveaux, temps de la Raison, peut-être, mais au profit de la foi, ce fut un disciple de st Paul Denys l'Areopagite, devenu 1er évêque d'Athènes, qui est venu évangéliser la Gaule et finit ses jours par un martyr glorieux. Les œuvres qu'on lui attribue ont fait de lui l'un des piliers de la théologie orthodoxe et occidentale.

Prions pour que le zèle ardent de ste Hélène fasse naître dans nos cœurs un élan pour nous débarrasser de nos préjugés rationalistes, pour que nous puissions nourrir notre foi auprès de ces sources pures que Dieu, dans son Amour a mis à notre disposition, à côté de nous.

Une chose est sûre : le fait que ste Hélène, la sainte universelle, ait choisi la France pour y reposer signifie l'incorporation de la France dans l'orthodoxie. Cette invention ouvre une nouvelle page dans les relations Est-Ouest, dans les relations entre les deux églises. Là où les discussions théologiques sont dans l'impasse, où les pourparlers entre les institutions représentatives des Eglises piétinent, Dieu fait intégrer l'Eglise de France dans l'économie du salut universel par le fait qu'une des plus grandes saintes orthodoxes repose ici. Cette terre ne peut plus être étrangère pour nous, car ste Hélène l'a choisi pour y habiter après son départ aux cieux.

Rappelons que dans l'Eglise orthodoxe sa mémoire est unie à celle de st Constantin, son fils. Leur fête est célébrée le 21 mai / 3 juin. On les vénère comme des " empereurs saints, glorieux, couronnés de Dieu et égaux aux apôtres ".

En Occident sainte Hélène a son propre jour de fête. C'est le 18 août. Dans la notice au Martyrologe Romain elle est aussi associée à l'empereur Constantin : " Fête de sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin, lequel donna l'exemple aux autres princes, par son zèle pour la défense et l'extension de l'Eglise ".

Diacre Nicolas Nikichine

Sainte Hélène, prie Dieu pour nous. 

                                                                          _ _ _

Tropaire et kondakion à Sainte Hélène
Tropaire, ton 8.
Illuminée par la clarté divine, sainte Hélène, / tu délaissas en vérité les ténèbres de l'ignorance, / et fidèlement tu as servi le Roi des siècles, le Christ, notre Dieu.

Kondakion, ton 3.
En ce jour, avec sa mère Hélène, Constantin / a montré au grand jour le bois vénérable de la Croix, / sujet de honte pour les juifs et les païens, / arme de rois chrétiens pour triompher de l'ennemi / et qui pour nous-mêmes est devenue / un signe sublime, redouté des adversaires du Christ.

Source : La France orthodoxe ...vue de la Russie

Lettre aux Italiens et aux Gaules

$
0
0
A l'occasion du Dimanche des Pères du Concile Œcuménique de Nicée (325), nous souhaitions rappeler cette lettre synodale, classé parmi les lettre de saint Basile le grand au numéro 92, et datée de 372, soit une dizaine d'année avant le second concile œcuménique (Constantinople 381) que nous avons justement commémoré cette semaine (22 mai). Cette lettre synodale appel à l'aide les évêques d'Italie et des Gaules face au ravage de l'arianisme en Orient.


Aux Italiens et aux Gaules
lettre 92 de saint Basile le Grand, anno 372.

1. A nos très pieux et saint frères qui servent en Italie et en Gaule, évêques avec nous unis en esprit, nous, Meletius d'Antioche, Eusebius de Samosate, Basile de Césarée, Bassus d'Edesse, Grégoire de Nazianze l'Ancien, Pelagius de Laodicée, Paul, Anthime de Tyana, Theodotus de Nicopolis, Bithus (Vitus) de Carrhae, Abraamius de Batnae, Jobinus, Zénon de Tyre, Theodoretus, Marcianus, Barachus, Abraamius d'Urimi en Syrie, Libanius, Thalassius, Joseph, Boethus, Iatrius, Theodotus, Eustathe de Sébaste, Barsumas, Jean, Chosroes, Iosaces d'Arménie Majeure, Narses, Maris, Grégoire de Nysse, et Daphnus, nous adressons nos salutations dans le Seigneur.
Les âmes dans l'angoisse cherchent quelque consolation en laissant soupir après soupir remonter du fond du coeur, et même une larme versée brise la force de l'affliction. Mais soupirs et larmes nous apportent moins de consolation que l'opportunité d'exprimer nos épreuves à votre charité. De plus, nous sommes encouragés par l'espoir encore plus fort que si d'aventure, nous vous exposons nos épreuves, nous pourrions vous amener à nous apporter le secours que nous espérons depuis si longtemps que vous donneriez aux Églises en Orient, mais que nous n'avons pas encore reçu; Dieu, Qui dans Sa sagesse arrange toutes choses, doit avoir ordonné d'après les jugements cachés de Sa justice, que nous devrions être éprouvés encore plus longtemps par ces tentations.
Le récit de notre condition est parvenu aux confins de la terre, et vous ne l'ignorez nullement; pas plus que vous n'êtes sans compassion pour les frères de même esprit que vous, car vous êtes disciples des Apôtres, qui nous enseignent que l'amour de notre prochain, tel est l'accomplissement de la Loi (cf. Rom. 13,10). Mais, comme nous l'avons dit, le juste jugement de Dieu, qui a ordonné que l'affliction méritée par nos péchés soit comblée, vous a retenus. Mais lorsque vous aurez apprit tout, en particulier tout ce qui jusqu'alors n'était pas parvenu à vos oreilles, par notre révérend frère le diacre Sabinus, qui sera à même de vous narrer en personne ce qui est omis dans cette lettre, nous vous supplions de vous lever tant par zèle pour la vérité que par compassion envers nous. Nous vous implorons de vous revêtir de profonde miséricorde, de laisser de côté toute hésitation, et d'entreprendre l'oeuvre de l'amour, sans envisager la longueur du chemin, vos propres occupations, ou tout autre intérêt humain.

2. Ce n'est pas seulement une Église [locale] qui est en péril, ni 2 ou 3 qui seraient tombées dans cette terrible tempête. Le trouble de cette hérésie se répand presque depuis les frontières de l'Illyrie jusqu'à la Thébaïde. Ses mauvaises semences furent d'abord semées par l'infâme Arius; elles se sont ensuite profondément enracinées par les oeuvres de nombreux qui ont vigoureusement cultivé l'impiété entre son époque et la nôtre. A présent, elles ont produit leur fruit mortel. Les doctrines de la vraie religion sont foulées aux pieds. Les lois de l'Église sont dans la confusion. L'ambition d'hommes, qui ne craignent pas Dieu, se précipitent aux plus hautes positions et rangs élevés est à présent publiquement connue comme étant le prix de l'impiété. Il en résulte qu'au plus l'homme blasphème, au plus les gens le trouvent digne d'être évêque. La dignité cléricale est une chose du passé. Il y a un manque total d'hommes érudits pour veiller sur le troupeau du Seigneur. Des hommes ambitieux ne cessent de dilapider les biens destinés aux pauvres, en faisant leur propre jouissance, et les utilisant pour faire des cadeaux. Il n'y a plus de connaissance précise des Canons. Il y a immunité complète pour le péché; quand des hommes ont été placés à un poste par la faveur d'autres, en retour, ils sont obligés de sans cesse montrer de l'indulgence pour les offenseurs. Le juste jugement appartient au passé; et chacun s'en va suivant les désirs de son propre coeur. Le vice ne connaît plus de limites; les gens ne se retiennent plus de rien. Les hommes qui ont autorité ont peur de s'exprimer, car ceux qui ont atteint le pouvoir par collusion sont les esclaves de ceux à qui ils doivent leur avancement. Et à présent, même l'apologie de l'Orthodoxie est regardée par certains partis comme une opportunité pour des attaques mutuelles; et les hommes cachent leurs basses intentions et prétendent que leur hostilité est pour le bien de la vérité. D'autres, redoutant d'être convaincus de crimes odieux, ont rendu le peuple fou jusqu'à entrer en querelles fratricides, de sorte que leurs propres méfaits puissent ne pas être remarqués dans la confusion généralisée. D'où les guerres n'acceptent nulle trêve, car les auteurs d'actions mauvaises ont peur de la paix, la redoutant car elle permettrait de dévoiler leur secrète infamie. Les incroyants rigolent; les hésitants dans la foi sont ébranlés; la foi est incertaine; les âmes sont imprégnées d'ignorance, car les adultères de la Parole imitent la vérité. Les bouches des vrais fidèles restent muettes, pendant que toute langue blasphématoire s'agite librement; les choses saintes sont foulées aux pieds; les meilleurs laïcs fuient les églises comme étant des écoles d'impiété; et ils élèvent leurs mains dans des déserts, avec soupirs et larmes, vers leur Seigneur qui est au Ciel. Même vous, vous avez dû entendre parler de ce qui advenait dans la plupart de nos villes, comment nos gens avec épouses et enfants et même nos vieillards en fuient les murs, et offrent leurs prières à l'air libre, supportant avec grande patience tous les inconvénients météorologiques, et attendant l'aide du Seigneur.

3. Quelle lamentation pourrait rencontrer ces malheurs? Quelle source de larmes pourrait leur suffire? Alors que certains semblent encore tenir bon, alors qu'une trace de l'ancien état des choses subsiste, avant que l'ultime naufrage ne frappe l'Église, hâtez-vous de venir à nous, hâtez-vous maintenant, frères véritables, nous vous en implorons; à genoux, nous vous implorons, étendez une main secourable. Puissent vos fraternelles entrailles être bouleversées face à ce que nous subissons; ne regardez pas, indifférents, la moitié de l'empire être dévorée par l'erreur; ne laissez pas la lumière de la Foi s'éteindre là où elle brilla pour la première fois.
Par quelle action vous pourriez aider, et comment vous pourriez montrer votre compassion envers les affligés, vous ne voudriez pas que nous vous l'exprimions; le Saint Esprit vous le suggérera. Mais incontestablement, si il faut que les survivants soient sauvés, prompte action est requise, ainsi que l'arrivée d'un nombre considérable de frères, de sorte que ceux qui nous visitent puissent compléter le nombre de présents au Synode, afin que nous puissions être en nombre pour effectuer une réforme, non simplement de la dignité d'entre ceux dont ils sont les émissaires, mais aussi par le fait de leur propre nombre : ainsi ils restaureront le Credo tel qu'établit par nos Pères à Nicée, proscriront l'hérésie, et, amenant à un accord tous ceux qui sont un d'esprit, diront la paix aux Églises. Car la plus affligeante chose à propos de tout ce qui se passe, c'est que la partie saine est divisée contre elle-même, et les troubles que nous souffrons sont de la même teneur que ceux qui frappèrent autrefois Jérusalem lorsque Vespasien l'assiégea. Les Juifs de cette époque étaient à la fois assaillis par des ennemis et consommés par la sédition interne de leur propre peuple. Dans notre cas aussi, en plus des attaques ouvertes des hérétiques, les Églises sont réduites à l'extrême impuissance par la guerre qui sévit entre ceux qui sont supposés être Orthodoxes.
Pour toutes ces raisons, nous aspirons en effet après votre aide, de sorte qu'à l'avenir, tous ceux qui confessent la Foi apostolique puissent mettre un terme aux schismes qu'ils ont hélas causés, et soient apaisés pour le futur de l'autorité de l'Église; de sorte qu'à nouveau, le Corps du Christ puisse être complet, restauré dans l'intégrité avec tous ses membres. Ainsi nous ne louerons pas seulement les bénédictions des autres, ce qui est la seule chose que nous puissions faire pour l'instant, mais nous verrons nos propres Églises à nouveau restaurées dans leur immaculée splendeur d'Orthodoxie. Car, vraiment, l'avantage qui vous a été donné par le Seigneur est digne des plus hautes félicitations, votre capacité de discernement entre le fallacieux et l'authentique et pur, et votre prédication de la Foi des Pères sans la moindre dissimulation. Cette Foi que nous avons reçue; cette Fois que nous savons être marquée du sceau des Apôtres; à cette Foi, nous acquiesçons, de même qu'à tout ce qui a été canoniquement et légalement promulgué par la Lettre Synodale.

Source française : Saint Materne.

Liturgie devant les reliques de ste Helene

$
0
0

MERCREDI 3 JUIN 2015 à 9h30 sera célébrée la Divine Liturgie devant les reliques de sainte Hélène dans l'église saint Leu - saint Gilles à Paris (92 rue st Denis, métro Etienne Marcel), à l'occasion de la fête des sts Constantin et Hélène (ancien calendrier)

Renseignements complémentaires : Alla Gouraud, 06 32 49 46 10.

*******

L’ACATHISTE AUX STS CONSTANTIN ET HELENE y est également récité tous les vendredis à 16h
à partir du 12 septembre 2014 jusqu’au 26 juin 2015.


Pour consulter le CALENDRIER des offices orthodoxes devant les reliques de sainte Hélène (Année ecclésiale 2014/2015), cliquez ICI.

N.B : Les Offices sont en Slavon et en Français.

Pentecôte - Lecture des Actes des Apôtres

$
0
0

Image d'archive : Extrait de l'émission Orthodoxie sur France 2 en 1978.
Pentecôte : Lecture des actes des apôtres relatant la descente de l'esprit sur les apôtres, par Nicolas Lossky.
Source: Ina.fr

Quelques repères chronologiques de la présence orthodoxe en France au second millénaire

$
0
0
1401 : L'Empereur romain ("byzantin") Manuel II Paléologue séjourne pendant un an à Paris lors d'une tournée occidentale cherchant des renforts contre les Ottomans. Il fait célébrer à la Sainte Chapelle la liturgie orthodoxe. Il écrit durant son séjour un gros volume sur La procession du Saint Esprit en réponse à un article d'un docteur de la Sorbonne sur le bien-fondé du Filioque.

1727 : première mention d'un prêtre orthodoxe à Paris, détaché auprès de l'ambassade de Russie.

1814 : Les troupes russes entre dans Paris quelques jours avant Pâques. Et le Dimanche 10 Avril, jour de Pâques (catholique-romain et orthodoxe cette année là) le Tsar Alexandre Ier fait célébrer Place de la Concorde à Paris un office de Te Deum à la mémoire du roi Louis XVI

1816 : une chapelle fonctionne depuis 1757 à l'ambassade russe à Paris, dont l'ambassadeur a demandé un prêtre permanent en 1738, desservant les fidèles orthodoxes de la capitale.
Une église dédiée à St Pierre et Paul fut d’abord créée dans des locaux loués (rue de Mesley puis rue de Berri) qui à l’évidence étaient trop exigus pour contenir tous les orthodoxes désireux de la fréquenter, la nécessité de disposer d’une église plus vaste située dans un bâtiment indépendant devenait criante.

1820 : première paroisse grecque, à Marseille ; inaugurée en 1845, l'église de la Dormition-de-la-Mère-de-Dieu sera le premier bâtiment cultuel orthodoxe construit en France.
Eglise orthodoxe grec à Marseille

1853 : première chapelle roumaine à Paris, située au 22 rue Racine.

1859 : consécration de l'église Saint-Nicolas-sainte-Alexandra à Nice (rue Longchamp), la première église russe en France.

1861 : - (11 Septembre) consécration de la cathédrale russe Saint Alexandre Nevsky, rue Daru, à Paris. Cette église était destiné non seulement aux russes mais à toutes la communauté orthodoxe. Elle fut financée par les dons des orthodoxes de Paris, russes, français, serbes, grecs ; de Russie de Nijni Novgorod au Tsar Alexandre II lui-même sur sa cassette personnelle. Chacun contribue suivant ses moyens, 20 centimes pour un étudiant grec de la Sorbonne jusqu’à 100 000 francs pour un mécène grec. Aux orthodoxes se joignent des catholiques et des protestants.
           - Cette même année, l'abbé René Guettée devient le premier prêtre orthodoxe français avec le nom de Vladimir.
           - Cette année est également publié par le père Joseph Wassilieff, prêtre de la cathédrale St. Alexandre de la Néva (rue Daru) et véritable fondateur de celle-ci, "le premier Manuel de prières orthodoxes en français et il organisa un choeur de chantres français qui resta celui de la cathédrale jusqu'en 1914." (In Un Précurseur, Wladimir Guettée, par Jean-Paul Besse, p.123).

Cathédrale saint-Alexandre-Nevsky
Père Vladimir Guettée (1816-1892)

1863 : consécration de la crypte de la Sainte-Trinité, Cathédrale st Alexandre de la Neva, rue Daru, à Paris. Mais ce n'est que 100 ans plus tard (en 1964), que cette crypte devint le lieux de culte d'une communauté francophone.

1867 : consécration de l'église de Saint- Alexander Nevsky à Pau (18, rue Jean Réveil, Pau 6400).

1892 : consécration de l'église roumaine de Paris, rue Jean de Beauvais, achetée par l'état roumain en novembre 1882.

1895 : consécration de la cathédrale grecque Saint Etienne, rue Georges Bizet, à Paris.

1912 : inauguration de l'église Saint Nicolas le Thaumaturge à Nice. Décrite comme la plus belle église russe hors de Russie. Autres églises orthodoxes construites en France : Cannes (1894), Menton (1892), Biarritz (1900).

1916-1917 : après l'occupation du Dodécanèse par l'Italie, puis en 1923, après la catastrophe d'Asie Mineure, deux vagues d'immigration grecque. A partir de 1920, arrivée massive d'immigrés russes.

1918 : Te Deum solennel à la cathédrale saint Stéphane, rue Georges Bizet, pour la fin de la première guerre mondiale

1923 : installation à Paris du premier évêque orthodoxe, le Métropolite Euloge, à la cathédrale saint-Alexandre-de-la Néva (rue Daru).

1925 : consécration de l'église saint-Serge de Radonège (rue de crimée) ; et 1926 fondation de l'Institut de théologie orthodoxe (Institut Saint-Serge).

1927 : première liturgie célébrée en français, en l'église de l'Institut Saint Serge.
Suivra la fondation de la première paroisse francophone de la Transfiguration et sainte Geneviève ouverte, boulevard du Montparnasse à Paris.

1939 : première réunion, à l'église grecque de Paris, d'un Comité Inter-Orthodoxe réunissant les représentants des diverses églises orthodoxes de Paris. Un comité permanent sera créé en 1943 sur l'initiative de l'Archimandrite Théophile Ionesco, de l'église roumaine.

1944 : une première célébration solennelle réunissant les différentes communautés orthodoxes de la capitale a lieu, le 23 janvier, sous la présidence du Métropolite Euloge, exarque du Patriarche Œcuménique.

1949 : L'église orthodoxe roumaine des Saints Archanges à Paris, devient le siège d'un évêque avec la création d'un diocèse d'Europe occidentale par le métropolite Bessarion (Puiu).

1958 : naissance de la "Fraternité orthodoxe" pour le témoignage commun de l'orthodoxie en Europe occidentale.

1963 : l’église Saint Stéphane (rue Georges Bizet, Paris) est promue au rang de "cathédrale", et devient le siège de la Métropole orthodoxe grecque de France. Elle est le siège d'un évêché depuis 1953, date de l'élection de Mgr Mélétios évêque de Reggio, qui devient donc en 1963 premier Métropolite de France avec la cathédrale Saint Stéphane pour siège.

Printemps 1967 : création d'un Comité Inter-Épiscopal Orthodoxe permanent réunissant les évêques orthodoxes de France (alors huit), présidé par le Métropolite Mélétios, exarque du Patriarche Œcuménique.

1971 : 1er Congrès Orthodoxe, organisé par la Fraternité Orthodoxe en Europe Occidentale à Annecy. D'autres suivront tous les 3-4 ans depuis lors.

1983  : première visite à Paris de Sa Béatitude Ignace IV, Patriarche d'Antioche.

1995 : visite officielle de Sa Sainteté, Bartholomée 1er, Patriarche Œcuménique, en France (Paris, Lourdes, Marseille, Nice) et à Monaco.

1997 : transformation du Comité Inter -épiscopal Orthodoxe en Assemblée des Évêques Orthodoxes de France.

1999 : visite à Paris de Sa Béatitude Paul 1er, Patriarche de Serbie.

Octobre 2002 : Première célébration par les évêques orthodoxes de France d’un office orthodoxe des vêpres présidé par le métropolite Jérémie, président de l’Assemblée des Evêques Orthodoxes de France, à la Cathédrale Notre Dame de Paris, le dimanche 13 octobre 2002 à l’occasion de la fête de Saint Denys l’Aréopagite, fête patronale du diocèse (catholique) de Paris, à l’invitation de Son Eminence le Cardinal Jean-Marie Lustiger, Archevêque de Paris. Depuis, cette célébration est désormais une tradition annuelle.

Janvier 2003: Le 17 janvier 2003, première présentation officielle des vœux de l’AEOF à la présidence de la République Française. Une délégation de l’AEOF conduite par le métropolite Jérémie (président de l’AEOF et évêque titulaire de la Métropole grecque de France), accompagné de feu le métropolite Gabriel Saliby (métropolite grec-orthodoxe d’Antioche en Europe Occidentale du patriarcat d’Antioche), a été reçue en audience au Palais de l’Elysée par le président Jacques Chirac. « C’est un témoignage d’estime et de respect pour la religion orthodoxe » a déclaré le président Chirac à cette occasion dont les propos ont été rapportés par la porte-parole de l'Élysée, Mme Catherine Colonna.
Octobre 2003: Les responsables orthodoxes en France reçus à Matignon pour la première fois. Le Premier Ministre Monsieur Jean Pierre Raffarin a reçu le 30 octobre une délégation de l’Assemblée des Évêques Orthodoxes de France, conduite par son président le métropolite Emmanuel et composée de l’Archevêque Gabriel (de Vylder) (Archevéché russe - Exarchat du Patriarcat Oecuménique) et du Métropolite Joseph (Métropole orthodoxe Roumaine). « C’est la première fois qu’une telle rencontre a lieu, s’inscrivant dans la volonté du gouvernement de recevoir officiellement et régulièrement les responsables de toutes les religions en France » (dépêche de la revue Croire.com).

Octobre 2007: Visite officielle et pastorale de Sa Sainteté Alexis II patriarche de Moscou en France. Visite historique, première visite d’un primat de l’Eglise orthodoxe russe en France. Rencontre des évêques membres de l’Assemblée des Evêques Orthodoxes de France avec Sa Sainteté Alexis II pour rendre compte du travail de coopération et de concertation des évêques orthodoxes de France en faveur de l’unité de l’Eglise orthodoxe en France et pour s’entretenir avec lui de l’avenir de son organisation dans ce pays.

2008 : Naissance au ciel de l'archimandrite Denis Guillaume. Traducteur et compositeur infatigable des livres et offices liturgiques orthodoxe. Grâce auquel nous disposons de la totalité des livres liturgiques en Français, traduit lorsqu'il était encore catholique-romain. Il a composé également un certains nombres d'office à des saints occidentaux. Mémoire éternelle.

2009: Visite en France de Sa Béatitude Daniel, Patriarche de Roumanie.


Diverses sources dont : 1 , 2 , 3 ,....

Archimandrite Denis (Chambault)

$
0
0

Le 22 Mai dernier à l'église des Trois-Saints-Docteurs à Paris, s'est tenue une conférence-débat consacrée au 50e anniversaire du repos dans le Seigneur de l'Archimandrite Denis (dans le monde Lucien Chambault, 1899 - 3 mai 1965). L'archimandrite Denis a converti à l'Orthodoxie en  1937 et devenu moine en 1944 avec le nom de Denis, était un moine orthodoxe suivant la règle de saint-Benoît et célébrant la messe dans le rite occidental.

A notre tour, afin de rappeler la mémoire de ce vénérable pasteur qu'était le père Denis, nous vous reprenons un article originellement paru dans la revue Church Times (July 21, 1961), et traduit de l'anglais et publié en français sur le blog Saint-Materne.





Le Pouvoir de la Prière

Par Serge Bolshakoff

A Paris, dans une rue étroite et relativement bruyante, près de la station de métro Vaugirard, il y a au 26 rue d'Alleray une maison d'apparence modeste. Cependant, cette simple maison accueille beaucoup de visiteurs. Des gens y viennent de tout Paris et d'ailleurs pour être guéris par la prière. Ils y sont envoyés par le clergé de même que par des médecins spécialistes quand toute autre méthode a échoué. La majorité des visiteurs sont affectés de troubles mentaux et nerveux.

La paroisse de l’Ascension, de rite occidental, est transférée, en 1945, du 72 rue de Sèvres, dans le 7ième arrondissement, au 29 rue d’Alleray, dans le 15ième, où le père Denis installe son monastère Saint Denis et saint Séraphin.

J'ai visité plusieurs fois cette maison. La porte de façade s'ouvre sur un corridor paisible et tranquille. La petite chapelle, où les services de guérison ont lieu, est juste à côté. Nombre de lampes votives et de cierges y brûlent. La chapelle est petite, humble, sans prétention, mais il y règne une atmosphère particulière de repos et d'espérance. Derrière la maison, on trouve un charmant petit jardin. Bien que la maison soit située dans un quartier bruyant et fortement peuplé, il est très calme.

Cette petite maison me rappelle toujours un autre lieu – la grandiose abbaye Bénédictine de Silos, en Espagne. Cette grande abbaye s'élève dans les plaines brûlées par le soleil et desséchées de Vieille Castille. Dans la chaleur et le soleil éblouissant, la poussière et la soif assaillent le voyageur. Dans l'abbaye, en particulier dans son patio, entouré d'un des plus célèbres cloîtres au monde, il fait frais, agréable, paisible. Les fontaines font jaillir leur eau au milieu d'une magnifique verdure et des fleurs. Les oiseaux chantent. L'abbaye est comme un château intérieur de l'âme. Dehors, c'est le monde – passions, péché, tristesse – alors qu'au dedans de l'âme d'un mystique, il y a une joie radieuse et la paix, parce que Dieu y est.

Tout comme Silos, la petite maison de la rue d'Alleray est une oasis de paix et de joie au cœur d'une grande capitale où les âmes souffrent de troubles, péché et tristesse, habituels des grandes cités. De plus, aussi, c'est un établissement Bénédictin. C'est le Prieuré des Bénédictins Orthodoxes de Rite Occidental et il est sous la juridiction du Patriarcat de Moscou. Une paroisse est attachée au Prieuré. Il y a à présent quelques congrégations Orthodoxes de Rite Occidental en Pologne, France, et même en Italie. Originellement, elles formaient de petites congrégations indépendantes, vaguement appelées Vieux Catholiques, Evangéliques Catholiques, et ainsi de suite. Il y a beaucoup de groupes semblables, tant en Europe qu'en Amérique. Leur histoire est souvent compliquée et longue.

Le père Denis, en 1944, devenu moine bénédictin orthodoxe, avec ses deux disciples, le père Georges Lamothe et le père Jean Péterfalvi.


Dans le passé, un certain nombre de groupes semblables se sont approchés des autorités de l'Eglise Orthodoxe avec une demande pour être reçus dans l'Eglise Orthodoxe. Dans certains cas, la demande était accordée. Les demandeurs étaient d'accord d'accepter la Foi Orthodoxe et le Rite Byzantin. Il y a plusieurs paroisses Orthodoxes de ce type en Amérique, et une Église Orthodoxe florissante en Afrique de l'Est, principalement en Ouganda. Quelques congrégations ont été autorisées à continuer d'utiliser le Rite Occidental. Déjà en 1870, le Saint-Synode de Russie avait permit l'usage de la Messe Romaine avec quelques changements. L'Usage d'Alleray avait été approuvé dans les années 1930 par le Synode de Moscou.

Une célébration du rite occidental (de la version de l’office orthodoxe occidental, inspirée par l’office
bénédictin et composée par le père Denis) dans l’église de l’Ascension, rue d’Alleray.

Le père Denis Chambault, supérieur du Prieuré d'Alleray et auparavant journaliste, devint un guérisseur reconnu il y a une quinzaine d'années d'ici, en assistant feu le père Joseph Cirel, qui possédait un remarquable pouvoir de guérison. Il n'y a rien d'ésotérique ou d'étrange dans les services de guérison à la chapelle. Les prières ordinaires prescrites par le Rite Latin sont utilisées. Le don de guérison est en effet un charisme [charisma = don], mais il est donné aux gens d'après leur foi. Rien de plus n'est requis. Le p. Chambault est un homme d'une soixantaine d'années, paisible, réservé mais amical.

Généralement, ceux qui veulent faire appel à ses services de guérison prennent un rendez-vous avec lui. Le service de guérison est précédé d'un long entretien avec le patient. Il peut y avoir plusieurs entretiens. Les patients Orthodoxes font habituellement leur confession, bien que cela ne soit pas requis pour les autres. Quand le moment est approprié, le service de guérison a lieu dans la chapelle.

Les résultats sont souvent surprenants, et le nombre de visiteurs grandit avec le temps. Bien entendu, il n'y a pas de paiement, bien que ceux qui sont guéris font en général un don. L'expérience du Prieuré montre pleinement la puissance de guérison étonnante de la prière. Nos contemporains négligent de faire appel à cette puissance parce que notre foi est faible. Nul ne possède de puissance de guérison à moins d'avoir une foi à déplacer les montagnes.

En plus d'être un centre de guérison et d'administrer une paroisse, le Prieuré d'Alleray travaille aussi pour promouvoir l'unité Chrétienne par la prière et la production littéraire. Il édite des bulletins réguliers en français et en anglais. Les Pères du Prieuré parlent aussi bien anglais que français. Le Prieuré est un endroit des plus inhabituels, et une conversation avec le p. Chambault est en elle-même une expérience.


Synaxaire : Vies des saints ALEXIS (Medvedkov) d’Ugine, archiprêtre ; DIMITRI Klépinine, prêtre ; de la moniale MARIE (Skobtsov) et de son fils GEORGES Skobtsov, et d’ELIE Fondaminsky

$
0
0
Le 20 Juillet, nous célébrons la mémoire des saints ALEXIS (Medvedkov) d’Ugine, archiprêtre* ; DIMITRI Klépinine, prêtre ; de la moniale MARIE (Skobtsov) et de son fils GEORGES Skobtsov, et d’ELIE Fondaminsky*2.


Mère Marie (Skobtsov)*3 naquit à Riga, sur les rives de la mer Baltique, en 1891. Son père, magistrat issu de la noblesse cosaque, et sa mère, descendante du gouverneur de Launay, décapité lors de la Bastille en 1789, lui assurèrent une éducation empreinte de douceur et de fermeté. Elle passait l’été dans leur propriété des rives de la mer Noire et l’hiver à Saint-Pétersbourg, où elle manifesta de bonne heure une inclination vers la poésie et un grand intérêt pour les discussions tenues dans le salon de sa tante. Ayant nourri une affection admirative dans son enfance pour le procureur du Saint-Synode, Constantin Pobédonostsev, redoutable pourfendeur des idées libérales, mais qui lui avait enseigné que la vérité se trouve dans l’amour du prochain et le sacrifice de soi, à la suite de la mort de son père, elle perdit la foi et se tourna vers les idées révolutionnaires. Poursuivant de brillantes études dans les meilleurs institutions de la capitale, elle prenait part aux interminables discussions nocturnes dans les salons littéraires, où les intellectuels refaisaient le monde et préparaient de loin la Révolution, et elle s’y distingua par ses poèmes et ses tableaux. A l’âge de dix-neuf ans, elle épouse Dimitri Kouzmine-Karavaïev qui l’avait fasciné par son talent d’orateur, mais divorça au bout de trois ans*4, puis devient la première femme à suivre les cours de théologie de l’académie de Saint-Pétersbourg. A la suite d’une liaison avec un habitant d’Anapa, la ville de la mer Noire où elle avait passé son enfance, elle donna naissance à une fille, Gaïana. En 1917, alors que les nuages sombres de la Révolution apparaissaient, elle adhéra au parti socialiste-révolutionnaire, mouvement idéaliste qu’elle considérait comme le parti du sacrifice de soi. C’est alors qu’elle retrouva la foi au Christ, mais son christianisme était fortement teinté d’utopie messianique concernant le peuple russe. Elle dut d’ailleurs rapidement constater la vanité de ces engagements politiques qui ouvraient la voie aux bolcheviques. En 1918, fuyant la terreur qui fit suite à la Révolution d’Octobre, elle regagna la propriété familiale d’Anapa, fut élue maire de la ville et fit don d’un domaine pour en faire une école. Alors que la guerre civile faisait rage, elle subit les attaques des deux partis. Tombant aux mains des blancs, elle fut traduite devant un tribunal militaire. S’étant défendue avec habilité, elle fut acquittée, et épousa peu après un ami de son avocat, Daniel Skobtsov, jeune officier cosaque.


Devant la débâcle de l’armée blanche, le couple prit le chemin de l’exil, d’abord en Géorgie, où Lisa donna naissance à son fils Georges (Iouri), puis à Constantinople et de là en Serbie, où naquit sa fille Anastasia (1922). Devant les conditions de vie trop précaires, ils décidèrent de gagner Paris, où de nombreux émigrés russes s’efforçaient de s’adapter à leur nouveau mode de vie, au prix d’innombrables difficultés. Daniel devint chauffeur de taxi, tandis que Lisa confectionnait des poupées et des fleurs en papier. Au cours de l’hiver 1925, la petite Anastasia mourut à la suite d’une épidémie de grippe. Cette épreuve fut pour Lisa une révélation sur la vanité de l’existence, telle qu’elle l’avait envisagée jusque-là, et elle décida alors de devenir « mère pour tous », en s’engageant sur la voie de l’amour pour le prochain, mené jusqu’au bout et sans lequel « tout est horreur et pesanteur ». Depuis le début de la guerre de 1914, elle avait commencé à mener une vie ascétique, portant comme une ceinture sous sa robe un gros tuyau de plomb et priant ardemment pour forcer le Christ à lui révéler son existence. Mais c’est à Paris, à la suite de la mort de sa fille, et après s’être séparée de son second mari, qu’elle retrouva l’Eglise. Elle s’engagea dans l’Action Chrétienne des Etudiants Russes (ACER), association qui avait pour but de sauvegarder l’héritage spirituel de la Russie auprès des jeunes émigrés et d’ « ecclésialiser » la vie sous tous ses aspects. Lisa prenait volontiers la parole au cours des congrès et des sessions d’études, et devint secrétaire du mouvement, avec pour mission de rendre visite aux Russes disséminés à travers la France. Sentant que sa vocation était désormais de vivre au milieu des pauvres et des délaissés, elle découvrit au cours de ses voyages l’immense détresse économique, morale et spirituelle des émigrés russes. Se faisant toute à tous, elle devint la confidente, le soutien et l’espoir des désespérés. Elle écrivait et se dépensait sans compter pour susciter des aides matérielles et spirituelles. Mais cette vie itinérante ne la satisfait pas, et elle constata que ce qu’elle offrait aux déshérités restait toujours partiel et incomplet, regrettant que son « cœur ne puisse abriter l’univers ». Se sentant appelée à un sacrifice total de son existence pour le salut des hommes, elle fit part de son intention à son père spirituel, le père Serge Boulgakov (1871-1944)*5, et au métropolite Euloge Guéorguievsky (1868-1946) qui l’encouragèrent dans son désir de s’engager dans la vie monastique. L’évêque étant intervenu auprès de son mari, Daniel, pour obtenir son consentement, Lisa fut tonsurée moniale, sous le nom de Marie (l’Egyptienne), le 7 mars 1932, dans l’église de l’Institut Saint-Serge de Paris. Ayant d’abord espéré que la nouvelle moniale pourrait fonder un monastère orthodoxe traditionnel, le métropolite dut bien vite renoncer à ce projet et voyageant un jour avec elle, il fit un large geste en direction des champs en disant : « Voici votre monastère, Mère Marie ! » Après un bref séjour dans deux monastères de Lettonie et d’Estonie, pendant l’été, elle rentra à Paris, convaincue qu’elle était appelée à une autre forme d’engagement auprès des plus démunis : « un monachisme dans la cité, dans le désert des cœurs humains »*6. Elle ouvrit un foyer pour femmes sans famille à la Villa de Saxe, dans le VIIe arrondissement. Mais la maison devint rapidement trop petite et, deux ans plus tard, Mère Marie installa son foyer dans une vaste maison de la rue de Lourmel dans le XVe arrondissement. Cet étrange « monastère », où régnait un climat de « bohème évangélique », accueillait toutes sortes de gens : chômeurs, inadaptés, exclus, clochards, délinquants, jeunes filles et femmes que la misère avait poussées à la prostitution, artistes sur la paille, tous y trouvaient non seulement nourriture et logement, mais surtout écoute, compassion et charité sans limite. Chaque jour à l’aube, Mère Marie, chaussée de gros godillots, se rendait aux Halles et obtenait à bas prix des légumes nécessaires pour nourrir ses protégés et, le soir venu, elle faisait la tournée des cafés, en compagnie de l’aumônier du foyer, pour y porter une lueur d’espérance à ceux qui tentaient de noyer leur solitude et leur désespoir dans l’alcool. Ignorant la fatigue et le froid, pouvant passer des jours entiers sans manger ni dormir, et n’ayant pour programme que de « vaincre la démesure du mal par l’amour et le bien sans mesure », elle transmettait à tous ceux qui l’approchaient sa foi à transporter les montagnes. S’élevant contre le « confort spirituel » et la piété ritualiste, et prônant une « mystique des relations humaines », elle disait : « Ou bien le christianisme est un feu, ou bien il n’est pas ». La maison de la rue de Lourmel devint aussi un centre culturel, où de brillants intellectuels de l’émigration russe, comme le père Serge Boulgakov ou le philosophe Nicolas Berdiaev, donnaient des conférences et où se tenaient des séminaires réguliers sur la théologie et la spiritualité orthodoxe. En 1935, Mère Marie fonda l’Action Orthodoxe et une revue du même nom, et ouvrit une autre maison, à Noisy-le-Grand, pour les tuberculeux. Ne restant jamais inactive, elle réalisa alors de très belles icônes et broda des vêtements liturgiques et, pendant la guerre, elle fit une grande tapisserie de près de cinq mètres de long, sur le modèle de la tapisserie de Bayeux, relatant l’histoire de David*7.
Au début de la guerre, elle organisa un atelier de confection de couverture pour l’armée et transforma le réfectoire du centre de Lourmel en cantine municipale. Après l’entrée des nazis à Paris, commencèrent les arrestations des Juifs d’origine russe. Comme ceux qui pouvaient prouver qu’ils étaient chrétiens échappaient à la déportation, certains Juifs, après un entretien avec le Père Dimitri Klépinine*8, aumônier de la paroisse associée au centre, décidèrent de recevoir un vrai baptême, aux autres il délivrait un certificat de baptême de complaisance. En 1942, les occupants imposèrent le port de l’étoile jaune à tous les Juifs et, lors de la « rafle du Vél d’hiv », dans la nuit du 15 juin, environ treize mille Juifs furent arrêtés et parqués comme des bestiaux dans le vélodrome d’Hiver. Mère Marie put y pénétrer pour secourir les malades et soutenir les désespérés, et elle réussit à sauver quatre enfants en les cachant dans des poubelles.


Les familles juives s’entassaient au centre de Lourmel, attendant de pouvoir passer en zone libre. A la suite d’une dénonciation, les soldats allemands y firent irruption, le 8 février 1943, et ils arrêtèrent le fils de Mère Marie, Georges, âgé d’une vingtaine d’années, dans les poches duquel ils trouvèrent un billet d’une femme juive demandant au Père Dimitri un certificat de baptême. Le Père Dimitri fut lui aussi arrêté. Interrogé pendant quatre heures au siège de la Gestapo, il répondit en montrant sa croix pectorale à l’officier qui lui proposait la liberté en échange de ne plus accorder d’aide aux Juifs : « Et ce Juif-là, vous le connaissez ? » L’officier lui asséna une gifle qui le jeta à terre, et déclara : « Votre pope s’est condamné lui-même ».
Les hommes, regroupés autour du Père Dimitri, passèrent quelques temps au camp de Compiègne, avec une relative liberté, qui leur permit d’organiser la vie liturgique dans une cellule. Et le Père Dimitri, ayant discerné l’ardente piété du jeune Georges, le préparait à recevoir la prêtrise. Le 16 décembre, ils furent tous envoyés au camp de concentration de Buchenwald, d’où deux d’entre eux seulement reviendront. Iouri, atteint d’une furonculose aiguë, mourut probablement exécuté avec les inaptes au travail.
Le Père Dimitri, âgé de trente-neuf ans, fut transféré au camp de Dora, où des milliers de détenus étaient chargés de construire une usine souterraine. Bientôt atteint de pleurésie, il fut transporté dans l’infirmerie surchargée où les malades étaient couchés à terre au milieu des excréments, dans une odeur suffocante. Un de ses amis russes qui avait réussi à le retrouver, lui apporta une carte postale distribuée par les autorités pour que les déportés puissent, pour la première fois, écrire à leur famille. Mais le père Dimitri n’eut pas la force d’écrire, et son ami lui promit d’écrire un mot pour lui. Le lendemain, 9 février 1944, alors que le père agonisait, un détenu russe qui avait accepté le brassard des kapos pour échapper à la mort, reconnut le prêtre pour lequel des détenus lui avait demandé d’intervenir. Il se pencha sur lui. Voyant un visage compatissant, le Père Dimitri lui demanda de prendre sa main et de tracer sur lui le signe de la croix. L’homme s’exécuta, sans réfléchir, et le père rendit son dernier souffle. De longues années plus tard, cet homme, qui gardait un air sombre et tourmenté, avoua qu’il était hanté par cette image de sa main, souillé par tant de coups de matraque, traçant le signe de la croix sur le moribond.


Mère Marie, qui avait été arrêtée le 10 février en venant demander la libération de son fils, et avait à peine eu le temps d’embrasser sa mère, passa plusieurs mois au camp de Romainville, avant d’être déportée à Ravensbrück, à la fin d’avril 1943. Dans les conditions inhumaines du camp de concentration, où les fours crématoires ne cessaient de lâcher leur macabre fumée, elle faisait rayonner l’amour du Christ, la compassion et l’espérance. Avec du fil de soie dérobé dans l’usine de câble électrique, elle broda un foulard, inspiré de la tapisserie de Bayeux, pour saluer le débarquement des Alliés en Normandie. D’une forte constitution, renforcée par une vie d’ascèse et de sacrifice, elle résista mieux que d’autres détenues, mais finit par être atteinte de dysenterie. Elle n’en cessait pas pour autant de soutenir le moral de ses compagnes et animer leur existence. Envoyée dans un camp voisin, où les rations étaient tellement réduites qu’on y mourait presque aussitôt, elle en revint vivante mais à bout de force. Alors que les Alliés avançaient, les exécutions se multipliaient à un rythme effréné.
Un jour de mars 1945, deux cent soixante détenues ayant été sélectionnées pour la chambre à gaz, certains témoignages rapportent que Mère Marie aurait pris la place d’une de ces femmes, pour les aider à affronter la mort. Selon d’autres, épuisée et clouée au lit, elle aurait alors été transférée dans un autre camp. Toujours est-il qu’elle mourut dans la chambre à gaz, le 31 mars, et passa au four crématoire, réalisant ainsi le pressentiment, qu’elle avait eu depuis son enfance et qu’elle avait manifesté à maintes reprises dans ses poèmes et ses dessins, de mourir dans les flammes : « Mon bûcher brûlera, cantique de mes sœurs… Mais la ténèbres n’est pas mort, ni vide ; en elle se dessine la croix. Ma fin, ma fin consumée »*9.


Intellectuel russe d’origine juive, Elie Fondaminski*10, s’était engagé dans sa jeunesse dans le mouvement des socialistes-révolutionnaires. Lors de la Révolution de 1905, il fut arrêté et jugé à Saint-Pétersbourg, où contre toute attente il fut acquitté. Il quitta alors la Russie pour vivre à Paris, où, sous l’influence du poète symboliste Merejkovski, il entama une lente évolution vers le christianisme. Rentrant en Russie après la révolution de février, il accepta le poste de commissaire provisoire de la flotte de la mer Noire à l’Assemblée Constituante qui ne siégera qu’un seul jour, et échappa de peu à une tentative d’assassinat de la part d’un matelot bolchevique. Reprenant le chemin de l’exil après la Révolution d’Octobre, il deviendra, grâce à la fortune héritée de sa femme, un des bienfaiteurs le plus généreux de l’émigration russe en Occident. Ayant abandonné ses idéaux socialistes et persuadé que seule une vision chrétienne de l’existence pourrait contribuer à restaurer la Russie après le communisme, il déployait une activité débordante, en vue de redonner courage à la jeunesse russe émigrée et d’organiser l’intelligentsia. Il fréquentait assidûment l’église de la rue de Lourmel, mais s’estimait encore indigne de recevoir le baptême. Lors de l’occupation de la France, au lieu de gagner les Etats-Unis, il rentra à Paris, en sachant très bien à quels dangers il s’exposait. Au début  de la guerre avec l’Union Soviétique, en juillet 1941, il fut arrêté avec de nombreux émigrés russes. Alors que la plupart furent rapidement libérés, il fut maintenu au camp de Compiègne en tant que Juif. C’est là qu’ayant refusé de s’évader, il reçut le baptême, avant d’être déporté à Auschwitz, où il devait périr le 19 novembre 1942.



* Voir sa notice au 22 août.
*2. Leur culte a été reconnu par le Patriarche Œcuménique, en janvier 2004, à la demande de l’archevêque Gabriel, responsable de l’exarchat patriarcal des paroisses de tradition russe en Europe Occidentale. Il s’agit de la première canonisation de saints orthodoxes ayant vécu en Europe Occidentale à l’époque moderne [NDLR: Souligné par nous]. Dans l’exarchat, ils sont aussi commémorés à la date de leur décès.
*3. Nous résumons la biographie rédigée par Hélène ARJAKOVSKY-KLEPININE en introduction du recueil de textes de Mère Marie, Le sacrement du frère, éd. Le Sel de la Terre, 1995 2e éd., Paris 2001. Voir aussi L. VARAUT, Mère Marie Skobtsov, Périn, Paris 2000, et les articles dans Le Messager Orthodoxe 140 (2004), Contacts 208 (2004) et 224 (2008).
*4. Certains aspects de la biographie de Mère Marie, peu compatibles avec les formes traditionnelles de l’hagiographie orthodoxe, ont suscité des critiques à l’égard de sa canonisation.
*5. Ancien marxiste devenu professeur de théologie dogmatique, le père Serge Boulgakov a marqué de sa personnalité de prêtre et de confesseur l’émigration russe. Sa formation philosophique l’avait conduit à élaborer une théorie très controversée et non nécessaire de la Sagesse de Dieu (sophiologie), laquelle se trouve aujourd’hui dépassé grâce à une meilleure compréhension de la théologie patristique (notamment de S. Maxime le Confesseur).
*6. Il convient de noter que les critiques exprimées par Mère Marie dans ses écrits à l’égard du monachisme orthodoxe traditionnel (Valaam et l’Athos), qu’elle accuse de formalisme et d’indifférence à la misère humaine, provenaient en partie de préjugés, assez répandus parmi l’intelligentsia russe de cette époque. Les centaines de saints, anciens et récents, présentés dans ce Synaxaire, témoignent à l’évidence que ces deux formes de vie consacrée ne sont pas exclusives mais complémentaires dans l’Eglise, qui a cependant toujours réservé une place de choix à la « part de Marie ». En tout état de cause, il serait abusif de faire de la vocation particulière de Mère Marie la figure emblématique d’un monachisme des temps nouveaux, appelé à remplacer le monachisme traditionnel, où la priorité est accordée à la prière et à la contemplation, et sa canonisation ne saurait être considérée comme une validation de ces conceptions.
*7. Cette tapisserie se trouve aujourd’hui au monastère de Saint-Jean-Baptiste à Maldon (Essex).
*8. Voir la biographie publiée par sa fille, Hélène ARJAKOVSKY-KLEPININE, Et la vie sera amour. Destin et lettres du père Dimitri Klépinine, Cerf-Sel de la Terre, Paris, 2005.
*9. Le bûcher (1938). Sur les deux versions de la fin de Mère Marie, voir P. LADOUCEUR, « Quelques énigmes de la biographie de sainte Marie de Paris » in Contacts 224 (2008), p.485-487
*10. Voir G. FEDOTOV, « Elie Fondaminsky dans l’émigration » in Le Messager Orthodoxe 140 (2004), 47-61, et N. STRUVE, « Une sainte vie, une sainte mort » in Contacts 208 (2004), 371-376.

Tiré du Synaxaire Orthodoxe.
Viewing all 372 articles
Browse latest View live